dimanche 30 novembre 2014

Réchauffement climatique : le Maroc plus que jamais concerné !


Réchauffement climatique : le Maroc plus que jamais concerné ! Le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a déposé son rapport sur l’évaluation du changement climatique depuis 2007. Certains points soulevés par ce rapport des experts du Giec ont de quoi inquiéter. Le document révèle que la température moyenne globale à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012. Les trois dernières décennies ont été successivement les plus chaudes, alors que l’acidité des océans a augmenté de 26%, en raison de l’absorption d’une partie des émissions de CO2 (30%). Sur ce point, l’Agence américaine océanographique et atmosphérique a révélé que septembre 2014 a été le mois de septembre le plus chaud du monde sur terre et à la surface des océans depuis le début des relevés de température en 1880. Au Maroc, ce sont surtout les oasis qui sont menacées par le changement climatique, certaines d’entre elles ont été déclarées zones sinistrées en raison de la sécheresse. Lire l’article complet sur le site d’information www.lematin.ma ------------ Réchauffement climatique Le Maroc plus que jamais concerné ! Publié le : 5 novembre 2014 - Samir Benmalek, LE MATIN Somment-mondial-sur-le-climat.jpg Au Maroc, ce sont surtout les oasis qui sont menacées par le changement climatique, certaines d'entre elles ont été déclarées zones sinistrées en raison de la sécheresse. Ph. DR «Nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne disparaisse», a déclaré Rajendra Kumar Pachauri, le président du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), qui a réalisé la plus complète évaluation du changement climatique depuis 2007. La communauté internationale s'est fixé comme objectif de maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C, afin de limiter les impacts du changement climatique déjà à l'œuvre et dont la vitesse est inédite. Pour garder le cap des 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d'azote) doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et disparaître totalement d'ici 2100, estiment les scientifiques. En attendant, certains points soulevés par le rapport des experts du Giec ont de quoi inquiéter. Le document révèle que la température moyenne globale à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012. Les trois dernières décennies ont été successivement les plus chaudes, alors que l’acidité des océans a augmenté de 26%, en raison de l'absorption d'une partie des émissions de CO2 (30%). Sur ce point, l'Agence américaine océanographique et atmosphérique a révélé que septembre 2014 a été le mois de septembre le plus chaud du monde sur terre et à la surface des océans depuis le début des relevés de température en 1880. Le Maroc plus concerné que jamais Les émissions annuelles de gaz à effet de serre sont plus élevées que jamais. En 2010, elles ont atteint 49 gigatonnes d'équivalent CO2, ce sont les plus importantes de l’histoire. Les rédacteurs du rapport soulignent à ce sujet que «Le rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre aura des impacts graves, étendus et irréversibles. Les vagues de chaleur seront plus fréquentes, les vagues de froid moins fréquentes sur la majeure partie de la planète». Plus grave et en raison de la modification du cycle des précipitations, plus rares, mais plus violentes, les rendements agricoles sont négativement impactés et, en conséquence, la sécurité alimentaire sera menacée, notamment dans les régions dépendant de la pêche. La baisse des ressources en eau potable dans les régions subtropicales sèches est potentiellement source de conflits armés et sera à l’origine de la hausse des déplacements de population, selon le rapport du Giec. Des efforts «ambitieux» de réduction de gaz à effet de serre feraient baisser de 0,06 point le taux mondial de croissance, estimé entre 1,6 et 3% par an au cours du 21e siècle, mais «plus nous attendons pour agir, plus ce sera coûteux», avance le Giec. Au Maroc, le ministère délégué chargé de l'Environnement révèle que les projections climatiques prévoient tout au long du XXIe siècle une aggravation de la situation des températures, ainsi qu'une diminution des pluies estimée entre 3 et 30% selon les régions, avec les conséquences que l'on devine dans un pays où l'agriculture représente 15% du PIB et 40% pour l’emploi. L’analyse des données climatiques du Maroc, selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le quart de siècle passé met en évidence une grande variabilité du climat du pays, avec des tendances au réchauffement et au déficit pluviométrique. Globalement, la température de l’air au Maroc, toutes saisons confondues, a augmenté en moyenne de +0,6 à +1,4°C selon les régions, au cours des 40 dernières années. Cette augmentation a été surtout effective depuis les années 80 et 90. Le Maroc a signé plusieurs conventions et traités sur le climat Pour faire face à cette situation, le Maroc a procédé à la signature de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1992 à l’occasion du Sommet de la terre de Rio, rappelle le ministère. Depuis sa ratification en 1995, le Royaume n’a cessé de contribuer activement aux travaux des négociations et des organes de la Convention. Il a signé aussi le Protocole de Kyoto en 1997 et l’a ratifié en 2002. - See more at: http://www.lematin.ma/journal/2014/rechauffement-climatique_le-maroc-plus-que-jamais-concerne--/211755.html#sthash.Wt7Q03tc.dpuf

dimanche 23 novembre 2014

Les oasis du Maroc en danger

Les oasis sont en danger, c’est un fait. Et même si les transformations économiques et sociales continuent d’aggraver le phénomène, aucune mesure n’a réellement été prise en dépit des nombreuses études et recommandations. Un tel laisser-aller risque de conduire ces havres, autrefois réputés de paix et de prospérité, à un état de désolation et de dégradation avancé, bouleversant ainsi tout un écosystème pourtant fertile et lucratif.
oasis
L’Aménagement du territoire en fait aujourd’hui sa cause et une priorité nationale. Dans une étude spécialement consacrée aux oasis, ce département érige une véritable stratégie de développement qui, si elle était appliquée dans les règles de l’art, permettrait de sauver ce patrimoine. Aussi, la réussite du programme d’aménagement et de réhabilitation des oasis s’inscrit dans une optique de développement durable, est-il indiqué dans le document.
La réhabilitation des oasis est une préoccupation axée principalement sur la problématique de l’eau. En effet, l’eau devient de plus en plus rare. Les raisons sont multiples: sécheresse, augmentation des besoins, pompage abusif des nappes au-delà de la capacité du milieu. La pénurie des ressources hydrauliques est ainsi un enjeu majeur pour les espaces oasiens qui connaissent un déséquilibre entre l’accroissement de la population et les ressources en raison de l’absence d’un ajustement entre la capacité du milieu et le peuplement. Ce stress hydrique a pour conséquence l’affaiblissement des arbres et la prolifération du bayoud, maladie qui détruit les palmiers dattiers. Les auteurs de l’étude reviennent aussi sur les multiples causes qui sont à l’origine de cette débâcle. Et c’est le système traditionnel d’appropriation et de distribution de l’eau qui est principalement mis en cause. Il met en place, selon les enquêteurs, des situations de rente inacceptables qui neutralisent toute possibilité d’amélioration culturale. Et les 2% d’espaces cultivés sont malmenés par le sur-pompage des nappes. Et cerise sur le gâteau, les prélèvements effectués par les nouvelles exploitations installées en périphérie des palmeraies se font au détriment de la palmeraie. Les comportements traditionnels y résistent plus fortement qu’ailleurs. Tous les facteurs jouent dans ce sens: forte ruralité, analphabétisme féminin élevé, carence des équipements en tout genre, relève l’étude réalisée par le département de l’Aménagement du territoire.
En revanche, note avec satisfaction le rapport, la part des transferts des RME représente environ 60% des revenus monétaires. Cet apport financier régulier est donc la principale base économique. Parmi les actions stratégiques proposées pour redresser la situation, la reconversion progressive de l’agriculture oasienne par l’agriculture paysagère et le développement de l’agriculture bio. Il s’agit aussi de veiller à l’économie de l’eau en inversant la posture par la dotation selon la demande et selon les vocations de chaque bassin. Il faudrait aussi veiller à la réduction de la pression démographique au niveau de la palmeraie par la consolidation des centres, en termes de services publics et de services d’intérêt économique général, pour qu’ils assurent un emploi de proximité et deviennent des lieux de production de valeur ajoutée. La coopération internationale doit aussi être mobilisée pour la sauvegarde des écosystèmes et la préservation de la biodiversité de ce cachet architectural et patrimoine local. Enfin, la mise en place des conditions de promotion d’un tourisme oasien pourrait contribuer à les faire émerger en tant que niche potentielle.
Cohérence horizontale
Pour ce qui est des mesures institutionnelles d’accompagnement, l’étude conseille de renforcer la cohérence horizontale des programmes de développement en agissant au niveau des sous-bassins. D’autre part, il faut mener de pair une planification socio-économique et un aménagement du territoire en instaurant de nouveaux outils de planification (contrats-plans et contrats-programmes). Pour rappel, les espaces oasiens correspondent aux bassins versants du Ziz-Gheriss et du Draâ de même que les régions intermédiaires. En tout, quelque 8 millions d’hectares constituent la plupart des oasis du pays, soit près de 90% du patrimoine phoénicicole.

Fatiha Nakhli

dimanche 9 novembre 2014

dimanche 2 novembre 2014

L’or brun du désert, ou quand la datte du Maroc se met à l’heure de l’agri-business

Par  - Mis à jour le 19 janvier 2014, à 07h10 - Publié le 

L’or brun du désert, ou quand la datte du Maroc se met à l’heure de l’agri-business

Par  - Mis à jour le 19 janvier 2014, à 07h10 - Publié le 
dattes maroc 
© rouaud
[ARTICLE PUBLIE LE 23-12 MISE A JOUR AVEC INTERVIEW AUDIO] Le Maroc veut partir à la reconquête de son marché de la datte dont il doit importer 30 000 tonnes tous les ans. Un vaste plan de développement dans la zone des oasis a été lancé depuis 4 ans à la fois pour soutenir l'agriculture traditionnelle mais aussi miser sur des exploitations intensives. Reportage au sud-est de l’Atlas marocain entre cultures millénaires, oued, oasis et séquenceur ADN.
Le deux pieds solidement plantés dans la terre ocre Smaïn Rachiddi est fier en montrant avec un large sourire les milliers de palmier-dattiers juvéniles qui s’étendent devant lui écrasés d’un soleil brulant. Nous sommes tout près de la ville d’Errachidia dans la région de Tafilalet dans l’est du Maroc à 300 km d’Ouarzazate et 50 km de la frontière algérienne.
Ici il y a deux ans, il n’y avait que du sable et des cailloux. Mais si tout va bien l’exploitation de Smaïn (photo ci-dessous)commencera à produire dans 4 ou 5 ans, avec à terme une récolte se chiffrant en centaines de tonnes. Pour l’instant, ce n’est qu’un bout de terrain en zone présaharienne sur un plateau quasi désertique de 26 hectares émaillé d’innombrables petits plants à trois ou quatre feuilles alignés en rang d’oignon.
Ceux-ci sont arrosés en goutte à goutte par d’interminables tuyaux noirs reliés au vaste réservoir dont les pompes vont chercher l’eau à près de 90 mètres sous terre dans une nappe phréatique alimentée par de rares et violentes pluies d’orage de l’année ou la fonte des neiges du Haut-Atlas. Une sorte d’exploitation modèle en devenir pour un investissement conséquent de 400 000 euros. Entrepreneur dans diverses affaires de négoce, Smaïn Rachiddi  n’avait jusque-là pas vraiment la fibre agricole, mais il s’est dit qu’il y « avait là un bon business ».
D’autant que l’Etat l’a généreusement aidé à grand coup de subventions. C’est que le palmier dattier peut rapporter gros. Sur le marché de détail au Maroc, les meilleures variétés se vendent 110 dirhams par kilo (9 euros) et même jusqu’à 200 dirhams lors du Ramadan, la période de plus forte consommation. La datte mérite bien son surnom d’or brun du désert ! Mais le Maroc a un problème… Ses habitants consomment chaque année près de 150 000 tonnes de dattes, un business estimé à environ 200 millions d’euros. 
 Le souci ? La palmeraie ne produit que 120 000 tonnes de dattes par an, ce qui ne couvre pas la demande. Et le pays doit en importer 30 000 tonnes par an d’Algérie ou d’Arabie saoudite. Mauvais pour le commerce extérieur du royaume en lourd déficit. De plus l’offre est mal organisée et beaucoup de palmeraies restent exploitées dans une logique de simple cueillette selon le modèle millénaire des "trois étages » (palmiers, arbres fruitiers et cultures au sol), ce qui occasionne pertes et problèmes de qualité. Le marketing, quant à lui, au-delà de la simple mention « dattes du Maroc » est balbutiant. Enfin, une maladie qui dessèche les dattiers, le bayoud a ravagé une partie de la palmeraie marocaine ces dernières décennies.
Pour relancer la culture phoénicicole, vivifier l’économie des régions oasiennes et ainsi fixer sur place une part de la population, le royaume chérifien a lancé un vaste plan en 2011 pour booster la palmeraie.
« Dans le cadre du Plan Maroc vert, notre programme de développement agricole, l’Etat soutient cette culture. C’est une opération de reconquête. Le Maroc est le berceau historique d’une des meilleures variétés de dattes qui soit la Majhoul mais cette activité a été délaissée par le passé. Ce projet entre aussi dans la politique nationale de soutien aux régions semi désertiques notamment via l’Agence des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA) réaffirmé ici même par le Souverain il y a quelque semaines. Cela représente un enjeu économique et social majeur pour les 1,4 million de marocains qui vivent dans les trois grandes zones d’oasis du royaume, soit 40% du territoire», nous explique Aziz Akhanouch, le ministre de l’Agriculture rencontré à Erfoud à l’occasion du quatrième « Festival international des dattes » qui se tenait dans cette ville début novembre.
L’Etat donc met le paquet via des subventions massives dans un programme pluriannuel qui se chiffrera à terme à plus de 100 millions d’euros. Il s’agit d’abord de soutenir les petits planteurs des oasis comme par exemple ceux de la vallée du Ziz, entre Errachidia et Erfoud. Recouverte de milliers de dattiers c’est une véritable « tranchée verte » au milieu du désert  surplombé par des falaises orangées et qui serpente le long de l’oued du même nom le plus souvent à sec mais régulé en amont par un vaste barrage.
Conseil agricole, fourniture d’intrants ou de jeunes plants sélectionnés, travaux hydrauliques, agrégation de l’offre via des groupements de producteurs… ici comme ailleurs, toute une batterie d’aides sont peu à peu déployées. Le taux de subvention peut atteindre 100% pour ces paysans qui souvent ne possèdent que quelques dattiers  dont la propriété, l’usufruit et le droit d’irrigation sont parfois détenus par des personnes différentes !
Le dattier ou Phoenix dactylifera se trouve en zone semi-aride de l’Atlantique africain à l’Inde. C’est une plante dioïque (il existe des pieds mâles et femelles) cultivée depuis la Haute antiquité. Le palmier dattier a été introduit dans les Amériques et fait notamment l’objet d'une culture intensive en Californie et en Arizona. Un palmier bien conduit et irrigué peut produire 80 à 100 kg de fruits par an. En culture extensive, la production s’élève de 20 à 30kg avec de fortes variations annuelles. La datte peut être consommée en l’état ou transformée en pâte, sirop ou confiture. Elle est aussi souvent utilisée comme fourrage pour les fruits les moins nobles par les éleveurs. La production mondiale est estimée à environ 8 millions de tonnes et est dominée par l'Egypte, l'Arabie saoudite et l'Iran.
Mais hormis l’amélioration de la palmeraie existante, l’Etat aide aussi au développement de grosses exploitations modernes sur le modèle de celle de Smaïn. Le Maroc compte 5 millions de palmiers dattiers, le 8ème rang mondial quand l’Arabie saoudite, le premier producteur de la planète en dénombre 21 millions.
Déjà 1 million de plants supplémentaires ont été mis en terre depuis le lancement du plan Maroc Vert en 2009. Aziz Akhanouch, ne veut pas s’arrêter là. « Notre objectif : 3 millions de plants en plus d’ici à 2020, soit une augmentation de 60% ». Avec notamment un objectif de 5 à 7 000 hectares de cultures intensives.
Un des rouages de ce projet se situe en amont, à savoir la production de plants. C’est, en effet, une des missions de l’INRA, l’Institut national de la recherche agronomique marocain et en particulier de sa station d’Errachidia. Abdelmalek Zirari (photo ci dessous), chef de ce centre nous explique « ici nous sélectionnons après collecte sur le terrain les variétés les plus productives ou appréciées comme le Mahjoul, mais il en existe des dizaines d’autres, en choisissant surtout des plants sains et issus de pieds mère productifs ». L’INRA d’Errachidia vient même de se doter d’un séquenceur ADN !
Ces plants sélectionnés, l’INRA les multiplie par clonage puis culture in vitro. Ces vitro-plants passés au stade in vivo (souches bourgeonnantes) sont ensuite le plus souvent vendus à la poignée de pépiniéristes certifiés du Maroc. Pour suivre la cadence, l'INRA d'Errachidia a investi dans l'extension de ses capacités pour 2,5 millions d'euros dans des salles de culture in vitro et autre salles d'ensemencement en surpression pour éviter les contaminations ainsi que dans une serre vitrée en cours de finition pour le "durcissement" des vitro-plants. Objectif passer de 20 000 souches mère produites par an à 45 000 d'ici 2015.
A coté de l'INRA, certains audacieux se lancent aussi dans la multiplication plus traditionnelles en pépinière à partir de rejets collectés sur des palmiers adultes sous le contrôle phytosanitaire des autorités. C’est le cas d’Abdelbar Belhassen. 
Ce prospère entrepreneur agricole trentenaire est installé à une quinzaine de km d’Erfoud. A son actif, notamment un élevage de chamelles laitières mais surtout une palmeraie intensive créé ex-nihilo voilà 5 ans sur plus de 90 hectares et doté de son propre système d’irrigation à quoi s’ajoute une vaste pépinière. Celle-ci sert bien sûr aux besoins propres de l’exploitation mais l’essentiel est vendu… à l’Etat.
L'administration acquiert en effet les plants sains et certifiés pour les distribuer aux petits planteurs ou aux grosses exploitations. Un bon business, l’Etat paye la plupart des plants 600 dirhams pièce (55 euros) et la pépinière peut en produire jusqu'à 10 000 par an… Quant à la palmeraie du "Domaine Belhassen", suivie au petit soin, avec travail du sol régulier, fertilisation et arrosage contrôlés par automatismes, elle commence à produire. Et déjà une extension est en route.
Bref, la générosité de l’Etat à tous les stades de la filière a suscité bien des vocations. Ainsi le groupe Benjelloun s’active sur un projet intégré intensif de 350 hectares de palmiers à Boudnib, à l’est d’Errachidia (interview audio ci-dessous). Et d’autres investisseurs agricoles venus d’Agadir notamment s’intéresseraient aussi de près à la région du Tafilalet. Spécialisé dans les agrumes, certains ont dû, dans leur région, renoncer à l’extension de leur orangeraies pour cause de conflits et restrictions sur l’usage de l’eau. Et ils ont compris qu’après l’orange, ils pourraient peut être passer à l’or brun.
A Erfoud, Pierre-Olivier Rouaud
Usine de conditionnement dans le désert
Elle est flambant neuve et a été inaugurée par le ministre de l’agriculture Aziz Akhanouch, à l’occasion du Festival international des dattes à Erfoud fin novembre. Situé à quelques km de cette ville, la petite usine de conditionnement d'Erfoud de 1 500 m2  est posée telle une boite blanche et bleue sur le désert. Gérée par des coopératives et des groupements de producteurs, sa mission est de rationnaliser et mieux qualifier l’offre locale dans le cadre de programme de développement mené avec le support, notamment, de la coopération belge. Et de favoriser le travail des femmes rurales. A l’intérieur une dizaine de femmes en blouse blanche, coiffées d’une charlotte trient et calibrent  les dattes qui défilent sur un tapis roulant avant de les peser et les ranger soigneusement dans des boites, puis de les stocker dans la chambre frigorifique. Alors que la période de récolte bat son plein, les fruits traitées ici viennent des palmeraies traditionnelles des alentours amenées à dos d’âne, par carriole à cheval, motos ou camionnettes. Des unités comme celle d’Erfoud  le Maroc en compte 21 aujourd’hui disséminées sur la zone des oasis. Chacune a nécessité un investissement  environ 1,2 million d’euros financé par des fonds américain de coopération (Millenium challenge) pour sept d’entre elles et le ministère marocain de l’agriculture pour les autres.